Par Camille Bardin — Mars 2021
C’est un élan vital qui a poussé Séverine Assouline à devenir artiste. En 2012 elle posait la première pierre, modelait le premier corps : celui d’un dinosaure de grés, lourd de plus d’une centaine de kilos. À force de pugnacité, et malgré le fait qu’elle soit autodidacte, Séverine Assouline acquiert une adresse tant technique que sémantique. Les oeuvres qui suivent cette première réussite sont dans un premier temps introspectives, une manière pour elle d’entamer une déconstruction, d’interroger le féminin, sa mascarade et avec, la manière dont elle-même habite le Monde. Pour cela, Séverine Assouline s’aide de son travail de psychanalyste, elle s’intéresse à l’enfance et à la construction du soi. Sujet, tant psychologique que social puisqu’il a alors été question de déceler les injonctions auxquelles nous sommes confronté.es dès
l’enfance mais plus largement aussi, des réminiscences qui surgissent des confins de nos inconscients. (...)
Le réemploi de certains motifs — comme dans Anthropocène ou dans Matrix — est récurent chez Séverine Assouline. Il lui permet de tisser des liens entre ses oeuvres, de multiplier les significations de celles-ci mais aussi de souligner une fois de plus les interdépendances qui préexistent et s’épanouissent. Quoi de plus naturel alors de s’intéresser aux khipus ? Un langage mathématique pensé par les Incas et basé sur le tissage de noeuds. Une technique d’expression qu’on ne réussit toujours pas à décrypter. Séverine Assouline dresse un parallèle avec nos langages algorithmiques contemporains et en propose une interprétation personnelle afin d’interroger la lisibilité future de notre époque et la gestion des Big Data. Elle invente ainsi son propre algorithme et tisse des noeuds, comme elle peindrait sur une toile, pour raconter des évènements historiques et fondateurs de notre époque. Encore une fois, il s’agit de mettre à mal les frontières et les désunions et de tisser des liens ; des liens entre le passé, le présent et l’avenir, des liens entre les individus et leurs identités, des liens entre le conscient et l’inconscient, des liens entre elle et les autres. C’est la poétique du trait d’union.
Par Michaël Stora — Décembre 2018
Suspendue à la corde tendue de la vie, les lambos de vie sont éparpillées. Serrés les uns à côté des autres, le radeau semble fragile. Couleurs entortillées, vent debout, les flots des migrants viennent s’échouer sur les rivages limitants deux mondes. Rouge et noir, jaunes et bleus, les opposés créent pourtant des couleurs complémentaires. Entremêlées, les tissages sont des liens accrochés pour ne pas sombrer dans la mer qui nous sépare. La peur de la différence s’exprime dans les tourbillonnements de ces ressorts qui se décrochent et où la tonicité du corps qui se ploie. La différence est l’empreinte de Severine Assouline, celle qui dérange et qui nous rappelle que nous sommes tous des juifs allemands !!
Avec deux « L », je romps le silence des hommes. Je fluctue et dérive entre les méandres de ton aspiration. Je subis sans culpabiliser et reste offerte à ton désir. Rester attentive tout en étant indifférente. Mordre jusqu’à ce que le sens émerge de ces plaies si profondes. Femmes, soyez prêtes à bondir pour aimer. Tranquille sur mes griffes, cambrée pour s’offrir, ailes déployées, le danger est familier. Assurance emprunte de défi, l’absence est nécessaire. Mon visage si lisse se laisse dévorer.
La nuit domestique est frayée de pierres phosphorescentes. Le sommeil est limpide, les rêves sont agités. Nous payons le prix de l’amour ignoré. Nous naviguons à répétition vers une dimension cachée. Le désir n’est plus et pourtant, nous nous figeons dans le lit matrimonial. Rester sans insomnie, et ne surtout pas changer la place des fétiches. La vague est lente, et pourtant le rythme est provocant. Mon désir est cristallisé, mon sexe est libre.